Carlos Pereda

 

Apprentissages de l’exil

 

L’exil soulève d’innombrables problèmes politiques et sociaux qu’il faut traiter dans l’urgence : qu’on songe au sort fait aux migrants, aux inquiétudes et aux réactions politiques qu’il suscite, aux tragédies humaines innombrables que causent les déplacements de population contraints par les guerres, les dictatures ou encore les changements climatiques en cours.

À côté de cette réalité tragique indéniable, Carlos Pereda fait le pari que l’exil est aussi une expérience de plein droit, susceptible de nous délivrer un certain nombre d’apprentissages, directs et indirects, qui recèlent une portée philosophique. D’abord une leçon éthique sur l’exil lui-même : si le « cosmopolitisme » est une pensée révolutionnaire, c’est parce que les hommes sédentaires d’aujourd’hui sont les héritiers des nomades d’autrefois, et accordent à la terre qu’ils habitent une valeur sacrée d’identification. Ensuite, une leçon épistémologique sur l’écoute que l’on doit réserver aux exilés : la seconde personne, à qui s’adresse la voix de la subjectivité exilée, fait souvent preuve à tort de « raison arrogante » qui couvre l’expression de l’exil de l’autre d’un mur de mots rassurants. Enfin, une leçon métaphysique à propos du concept de personne : l’exil dépossède en partie l’individu de ses déterminations culturelles et sociales.

Ainsi, les apprentissages de l’exil, parce qu’ils recouvrent une diversité irréductible d’expériences, sont toujours nuancés et paradoxaux, comme l’est notre identité à la fois permanente et plurielle.

À PARAÎTRE EN 2021
220 PAGES – 16€ 
ISBN 841435280842

Carlos Pereda, né en 1944, est une grande voix de la pensée latino-américaine. Étudiant en Uruguay, il a fui son pays lors de la dictature militaire des années 1970. Il est désormais professeur à l’Université nationale autonome de Mexico, et chercheur dans l’un des instituts de recherche philosophique les plus féconds de l’Amérique du Sud. Son œuvre est à la confluence de la logique et de la critique poétique, comme en témoignent les titres de ses principaux essais, Vertiges argumentaux : une éthique de la dispute ; Critique de la raison arrogante ; Sur la confiance. Inspiré par la tradition de la philosophie analytique – il est le traducteur en espagnol de Frege – il puise aussi dans le matériau poétique hispanophone, et n’est pas insensible à la tradition française du XXe siècle, notamment Sartre, et Alain dont il est le traducteur.