À tout pays dédié

Ernest Pépin


Postface de Guillaume Robillard


La présente anthologie de poèmes, pour la plupart inédits, d’Ernest Pépin est celle d’un petit pays trop méconnu : la Guadeloupe.

Ernest Pépin en est un haut représentant. Son oeuvre poétique, majeure, entre en dialogue avec celles de Saint-John Perse, d’Édouard Glissant ou d’Aimé Césaire.

“L’enfant est né au pays. Ce pays-là, en forme de papillon. Guadeloupe a recueilli son placenta et lui a donné un nom de saint. En secret on l’appelle Koné pour tromper la mort.

L’enfant est né au pays. Il se parfume d’odeurs de cannes, de tabac et d’indigo, étreint les branches des manguiers, pousse le cerceau du soleil.

L’Afrique est une gousse de lumière qui scintille avant de s’émietter.

Il accompagne la rivière comme une feuille flottante. Il pêche des écrevisses qu’il range dans un coui. Il accompagne son père au fond d’une habituée. Petite terre remuée pour soi-même où des malangas ouvrent leurs larges oreilles. Il accompagne la tristesse de sa mère. Il s’accompagne lui-même sur les traces du pays. Il dit les blancs et son œil roule une colère mêlée de peur.

Son poing durcit dans sa poche comme un sexe d’homme. Il a vu la misère dans l’œil d’un cyclone. Guadeloupe le réconforte. Même couchés les arbres repoussent pour gratter le ciel.

L’enfant est né au pays. Ce pays-là, d’îles à tous maux. On le dit ti-moun, petit-monde, car tout homme est un monde plein de rêves jusqu’au grand rêve de la mort.”

E. Pépin, « Guadeloupe berce les fétiches », Chant VII, p. 24-25

 

MARS 2024
216 PAGES – 19 €
ISBN 978-2-493117-48-9

13 x 19,5 CM

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